
Être née noire. Être née en Suisse, éduquée en Suisse. Me sentir Suisse alors que sans cesse rejetée par autrui qui ne légitime pas mon identité. Me sentir connectée à la terranga Sénégalaise tout en me sentant imposture et ne pas la mériter. Accepter parfois de n’être qu’une toubab car dans les faits, c’est vrai. Être Suisse et toujours devoir le justifier. Affronter les regards étonnés lorsque je m’exprime dans un bon français ou que je ne suis pas la serveuse, la femme de ménage ni la prostituée. Avoir un prénom français et un nom Suisse mais pas la tête qui devrait aller avec. Montrer le passeport, la carte d’identité. Montrer patte blanche. Être la seule dans le bus ou à la douane à devoir prouver ma légitimité. Décliner mon identité. Suspecte, toujours. Délit de faciès, bonjour. Être à moitié blanche et à moitié noire. Mitcha Mitcha, en patois. Métisse. Mulâtre. Mulâtresse. D’après la définition, croisée entre un cheval et une ânesse. Un animal. D’après l’UDC un mouton noir. Batarde. Anormale. Née Noire…
C’est sur l’invitation du collectif LAC Léman architecture connexions, via Matthieu Jaccard, historien d’art et architecte, qu’est née cette forme circassienne performative autour du contexte géographique et historique valaisan.
Dans Nez Noir Estelle Borel propose une performance cartographique originale du Valais, décoloniale. Du passage de James Baldwin à Loêche les bains dans les années 50 au » bal nègre » du carnaval de St- Maurice jusqu’en 2014… En équilibre sur son fil, elle tricote et démêle les fils de son identité et du lien qu’elle entretient avec la région.